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Sur la Route du Thé et des Chevaux
Sur la Route du Thé et des Chevaux
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4 avril 2009

Une invitation matinale...

Ce matin-là, on vient de passer la nuit la plus glaciale du voyage : la condensation de la tente a gelé et les sacs sont tout givrés. On est à 3500m à une vingtaine de km de Sangri-La, dans une petite vallée désolée habitée de-ci de-là par des éleveurs. On plie la tente vers 9h30, après avoir désespérément attendu le rayon de soleil qui ne viendra pas... (Dur dur de quitter les sacs de couchage en duvet !).

On entend quelques cris, typiques du berger qui mène son troupeau et apparaît une dame d'une cinquantaine d'années emmitouflée dans son châle, la goutte au nez. Surprise de nous trouver là, elle nous parle en reniflant dans son sabir sino-tibetain. On arrive à décrypter ses gestes et on comprend qu'après avoir fini nos sacs, on doit rejoindre sa maison. On essaie de lui proposer un biscuit mais elle refuse comme toujours. Les produits manufacturés ne plaisent guère aux gens qu'on rencontre. 

On toque donc à la palissade qui lui sert de porte et elle nous fait entrer dans son unique pièce. Il y a là un homme, son mari, aveugle. Cette maison-cabane est extrêmement simple : des planches en guise de murs, l'étable adjacente et une pièce unique ou trône un foyer ouvert. Comme d'habitude, un mobilier réduit à son strict nécessaire. Même pas de lit, déroulent-ils une natte pour la nuit ? Le couple a 4 enfants, tous partis aujourd'hui, mais on reste perplexe sur la vie à 6 dans 20m2...

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On nous propose les 2 meilleures places près du feu et la mère de famille commence à nous restaurer. Premièrement, le thé "classique". Elle coupe quand même la brique de thé avec une machette, ce qui donne une idée de la compression des feuilles. Deuxièmement, le thé au beurre de yak salé. On connaît déjà mais ça prouve bien la proximité avec le Tibet. Dans cette cabane, on a droit à la préparation des "pauvres" : pas de baratte pour mélanger thé, sel et beurre mais une simple bouteille en plastique qu'on secoue. Troisièmement, la fameuse tsampa ou farine d'orge grillée. Elle doit nous expliquer comment faire car nous sommes novices en la matière. Elle rit de nous voir si perplexes devant le seau de farine. Dans un petit bol, verser du thé au beurre de yak salé puis ajouter plusieurs cuillères de farine. La dose à mettre n'est pas facile à évaluer ("tu vois bien" comme dirait Mémé). Ensuite, on malaxe avec une main, en tenant le bol de l'autre. Risible la première fois, un peu comme un chinois qui devrait décortiquer des crevettes avec sa fourchette. Bref, le bol bien rempli ne cesse de déborder et on s'en trouve bien honteux de perdre ainsi de la nourriture ! Une fois la boulette faite, on assaisonne avec des morceaux de mélasse ou... du fromage (!) frais de chèvre. On a beaucoup aime, même si une routine doit s'installer très très vite pour ceux qui ne mangent que ca.

En quittant ce foyer, on comprend pourquoi beaucoup disent que les plus pauvres sont les plus accueillants...

Pour l'anecdote, en bas de la vallée, à moins d'une heure de marche se trouve un complexe touristique flambant neuf dont on ne savait rien. Quel contraste avec la vie de ces gens ! Peut être qu'on aurait choisi le confort de l'hôtel et perdu la chaleur de l'hospitalité.

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